Que serait la « Liberté » sans la « Liberté d’investir » ?

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Que serait la « Liberté » sans la « Liberté d’investir » ?…

Sans le droit de pouvoir constituer une épargne, le droit de la préserver, le droit de la faire fructifier au travers d’investissements avisés, et le droit de la transmettre ? Comment alors se protéger face à l’incertain, à l’impensable, et à… l’impossible ? Alors que l’évolution du monde nous rappelle tous les jours la fragilité et la versatilité des réalisations humaines…

La crise grecque à laquelle l’Europe est confrontée a un formidable mérite. Elle rappelle l’inconstance – l’intransitivité ? – des choix démocratiques et la facilité avec laquelle un pays, une nation, peut chercher à renoncer à des engagements pris librement, en parfaite connaissance de leurs conséquences. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’un cas isolé dans l’histoire du monde… Tout au contraire. C’est pourquoi, comme le rappellent avec le sourire les banquiers, un investisseur, un prêteur, n’a d’autre choix que de toujours suivre… son investissement, ou sa créance ! En gardant à l’esprit, sans doute aussi, que « Qui donne aux pauvres prête à Dieu…, et qui donne à l’État prête à rire ! » (Tristan Bernard)

L’exceptionnelle ouverture du monde aux flux de capitaux – c.à.d. d’épargne –, particulièrement au cours des quatre dernières décennies, a incontestablement conduit à l’accélération du développement économique, à la coexistence pacifique de systèmes politiques distincts et à une régression notable de la pauvreté globale. Qu’il s’agisse des marchés de la dette publique (> $ 60 T, milliers de milliards) ou de la dette privée (> $ 180 T), des marchés de la couverture des risques (> $ 600 T), des transactions monétaires (> $ 5 T/Jour) et des marchés d’actions (> 60 T), l’intégration des plateformes d’échange et l’interconnexion des opérateurs ont conduit à une fluidité extrême des transactions permettant, enfin, d’affecter l’épargne mondiale au mieux de son utilité marginale.

Pourtant, le moteur le plus important de l’investissement n’est pas le capital – le stock d’épargne. C’est la confiance ! C’est le sentiment qu’ont les investisseurs et les prêteurs que les ressources dont ils se dessaisissent temporairement seront bien utilisées au mieux des compétences des récipiendaires, ou des emprunteurs, dans le cadre des projets qui les réunissent. Lorsque la confiance faiblit, les premiers deviennent naturellement « not so much concerned with the return on their capital as they are with the return of their capital… » La confiance, ce lien immatériel qui unit des hommes dans la réalisation de leurs rêves les plus ambitieux, et qui prend tant d’années à tisser, peut s’effondrer en quelques instants… C’est indéniablement ce qui aurait pu se produire en 2008 sans l’autorité irréfragable de Ben Bernanke, président de la Réserve Fédérale (banque centrale américaine). Et c’est le risque fondamental qui menace aujourd’hui la Grèce…

Quand d’aucuns s’arrogent le droit de s’emparer de l’épargne des autres – au travers de programmes aux acronymes aussi charmeurs que « QE », « ZIRP » et autre « NIRP » –, cherchent à en limiter l’intangibilité ou à en canaliser l’affectation, il devient urgent de se mobiliser… N’en doutez pas, c’est bien de la liberté – de votre liberté –, dont il s’agit !

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