Investisseur ou enchanteur ? La magie de l’endettement…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Très jeune déjà, je suivais assidûment les aventures de Riri, Fifi, Loulou et de leur grand-oncle Picsou. Ce dernier ne manquait jamais de les mettre à l’épreuve, tout en sachant faire preuve de sagesse, de disponibilité et, parfois même, de générosité. C’est donc naturellement que, soixante ans plus tard, je me suis intéressé à Warren Buffett, l’oracle d’Omaha ; une personnalité particulièrement riche : intelligente, persévérante, patiente, efficace et généreuse. Qui plus est, un homme qui joue de… l’Ukulélé !

Sa société, Berkshire Hathaway, dispose d’un total de bilan (ou ressources à investir) de l’ordre de $500 milliards, pour des fonds propres de l’ordre $230 milliards, ou encore, pour un actif net – faisant abstraction des survaleurs et autres éléments intangibles –, de l’ordre de $170 milliards. Son levier d’endettement, selon la rigueur avec laquelle on le définit, est donc compris entre 2 et 3. Ainsi, une chute en 2008/2009 de la valeur de ses actifs comprise entre 30 et 50 pour cent aurait pu techniquement lui être fatale (« Nothing right on the left side, nothing left on the right side ! »). C’est, incontestablement, ce qui lui serait arrivé à l’époque si, comme le note judicieusement Bill Gross, CEO de Pimco, il n’avait été « Sheltered either structurally or reputationally from withdrawals and delevering that clipped competitors at just the wrong time. » Ceci explique, sans doute, que Warren Buffett semble avoir été surpris à l’automne 2008 ; qu’il ait donné le sentiment d’avoir perdu un peu de son sang-froid légendaire quelques mois plus tard ; qu’il ait eu l’élégance de remercier l’Etat ; et, enfin, qu’il se soit fait l’avocat d’un accroissement de la fiscalité pour les plus fortunés.

Selon le tableau récapitulatif (1965-2013) apparaissant en première page de sa lettre aux actionnaires, la performance annuelle moyenne de Berkshire Hathaway est de 21% (écart-type de 14%), pour une performance moyenne du S&P500 de 11% (écart-type de 17%). La performance moyenne d’un investissement effectué sur le S&P500, sur la même période de 48 ans, avec un levier d’endettement de (+/- 2,5) et un taux d’intérêt moyen de l’ordre de 5% aurait, par contre, produit une performance annuelle de 21% (écart-type de 44%). C’est donc essentiellement au cours des périodes de contreperformance globale (1973-1974, 2001-2002, 2007-2008) que Warren Buffett marque la différence par rapport au marché. Si l’on neutralise les trois années (en gras) au cours desquelles le marché a chuté de plus de vingt pour cent, et a conduit les autorités à procéder à un « sauvetage » monétaire, une stratégie « aveugle » consistant à investir sur le S&P500 avec le même levier d’endettement aurait conduit à une croissance annuelle comparable, voire légèrement supérieure, bien que plus incertaine…

Ainsi, Warren Buffett : investisseur ou enchanteur ? « Financing being marketing », sans aucun doute, un peu des deux ! Mais, surtout, une assurance anti-crash efficace… Un vrai magicien, passé maître dans l’art de chasser les « Cygnes noirs » !

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

Le temps des tulipes…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

La vie universitaire réserve bien des surprises, qui constituent souvent autant d’invitations à la modestie. Théorie et réalité ne font pas toujours bon ménage. Même si, comme tout le monde le sait : « Il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie ! »

Dans L’auberge rouge Balzac s’interroge : « Où en serions-nous s’il fallait rechercher l’origine des fortunes ! » C’est en… Hollande que se développa une des plus grandes illusions collectives et que se produisit au début du XVIIe siècle une explosion spéculative véritablement historique. Elle porta sur les bulbes de tulipe. Même les individus les plus pondérés éprouvèrent le besoin de s’impliquer, l’imagination et la folie du gain l’emportant sur toute forme de rationalité. En 1636, un bulbe pouvait s’échanger contre un carrosse, voire une maison ! Chaque hausse des prix persuadait plus de gens encore, dont de nombreux étrangers, à plonger dans la spéculation. Jusqu’au moment où le marché s’effondra !

C’était, me direz-vous, il y a bien longtemps. Pareille folie ne pourrait arriver aujourd’hui, dans un monde connecté, informé, et peuplé d’individus raisonnables et responsables. Et pourtant… Le graphique suivant (Source : BigCharts.com, 10/07) reproduit l’évolution récente du cours de la société Cynk Technology Corp ; société qui a la particularité de n’avoir aucun employé, aucun produit, aucun actif et dont le chiffre d’affaires – et donc la rentabilité aussi –, est inexistant. Sa capitalisation boursière, quant à elle, vient de dépasser cinq milliards de dollars, sans doute, fraichement imprimés !

« Always stay emotionless ! » Ce dossier ne présentant aucune des caractéristiques d’un investissement intelligent, telles que décrites dans L’art d’investir Avec Internet, je vous conseille vivement (…) de ne pas vous laisser tenter. « CYNK will SINK ! »

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

Ce rien qui n'existe pas, et qui, peut-être est…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Comment ne pas s’interroger sur ce qui peut pousser un homme tel que Jean d’Ormesson, un académicien qui respire l’honnêteté et la sincérité, un homme qui a beaucoup vu, beaucoup lu, beaucoup entendu – et, sans doute, s’est même quelquefois tu… –, à consacrer un livre à « rien » ? Comme un chant d’espérance n’est pas un livre comme les autres. C’est un témoignage ; un testament ? A lire, et à méditer, cet été…

En ce début de vingt et unième siècle, notre monde semble se chercher, sans doute plus qu’il ne l’a jamais fait. Mais, peut-être, ce sentiment n’est-il que le reflet du fait que nous y sommes aujourd’hui associés ? Les grandes idéologies du passé, sur lesquelles son développement a régulièrement reposé, se sont essoufflées. Que reste-t-il du socialisme ? s’interroge Jean-Claude Tarondeau ? Que reste-t-il du capitalisme ? pourrait-on ajouter… Et quid de bien d’autres tru-ismes dépassés ou, malheureusement, récemment réveillés ?

Dans son dernier livre, Jean d’Ormesson parle de Dieu. Ce rien, qui n’existe pas, et qui, selon lui, est. Ce rien qui respecte notre liberté, invite à la fraternité et à la responsabilité. Ce rien qui définit ce qui précède – ce dernier terme perdant alors tout sens –, le mur de Planck et succède à la mort. Ce rien qui inspire l’esprit de l’homme – qui le distingue de toutes les autres formes vivantes –, et l’invite à la beauté, à la bonté et au bonheur. Le mystère l’emporterait-il sur l’absurde, sur la nécessité et sur le hasard ? Jean d’Ormesson aurait-il perdu la raison ? Chercherait-il à nous nuire, à nous manipuler, et, comme bien d’autres, à nous… diriger ? La vivacité, la profondeur et la clarté du regard apparaissant sur le bandeau de l’ouvrage semblent pourtant suggérer l’inverse.

André Malraux et son intuition sur le besoin d’un réveil des dieux… ; Ben Bernanke et son rappel au sens des responsabilités de « Ceux qui ont beaucoup reçu et auxquels il sera beaucoup demandé »… (Princeton University, 2 Juin 2013) ; Milton Friedman – Free to choose – et son avertissement qu’un système reposant sur une « Free enterprise exchange economy » constitue la condition nécessaire de la liberté, et garantit, même, la liberté de ceux qui visent à l’abolir… Autant d’observations invitant à la modestie, à la réflexion et, plus que jamais, au sens de l’action responsable !

Quant à nous, modestes investisseurs individuels agnostiques coincés entre le mur de Planck et la mort, quel rôle nous est-il imparti ? Sans aucun doute, de contribuer au financement intelligent des entreprises les plus visionnaires et les plus responsables, dont la mission cherche à améliorer le sort – quelle que soit la dimension considérée – de ceux qui nous accompagnent dans le temps, et que la nécessité et/ou les hasards de la vie ont doté d’autres qualités que celles requises pour mesurer l’utilité – la valeur, et non le prix ! – du travail collectif des hommes, ainsi que l’utilité relative des activités nouvelles sur lesquelles repose leur devenir. Une main invisible au service du… bien ? A chacun d’en décider.

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

Réflexion sur les paris sportifs…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

La coupe du monde de football constitue l’illustration parfaite de l’utilisation qui peut être faite au plan économique – et, sans doute, au plan politique ! –, de la folie des hommes… Si j’exclus les raisonnements élaborés en prime time par les experts du domaine sur la technique du tir brossé ou celle de la frappe tendue, que reste-t-il ? L’oubli de l’âpreté de l’instant ? Sans doute. Quelques gains aussi exceptionnels que virtuels ? Peut-être. Un sentiment d’incrédulité et d’impuissance face à La fête de l’insignifiance ? Certainement. Une invitation à lire ou à relire Milan Kundera ? Evidemment…

Mais, n’est-ce pas, très précisément, ce à quoi nous assistons aujourd’hui aussi sur les marchés financiers. Sous le calme relatif d’une faible volatilité (VIX…), et de la progression récente des principaux indices (SPY…), se cache la sévère correction de nombreuses valeurs moyennes. Multiples de capitalisation (PER…) et croissance de la rentabilité (ΔEPS…) apparaissent aujourd’hui largement dissociés. L’absence de croissance globale, quant à elle, se traduit par une frénésie de restructurations et de réductions de capacité de production. La fête de la vraie fausse monnaie avez-vous peut-être pensé ?

Par temps économique « normal », la croissance est essentiellement le résultat de l’évolution démographique et du progrès technique, lui-même fonction du stock d’épargne – du capital –, disponible. Croissance et productivité vont donc toujours de pair. Pour disposer de plus de biens et de bien-être, il suffit de travailler plus ou… mieux ! N’est-ce pas logique ? Oui, bien sûr ! Sauf, si on laisse celles et ceux qui sont censés vouloir, et défendre, notre bien – plus quelques apprentis sorciers de la science économique ? –, changer l’unité de mesure : la monnaie. Après tout, pourquoi « travailler » quand on peut « imprimer » les résultats souhaités ? Vous venez de tout comprendre…

Sans coupe du monde de football ni tour de France, Août 2014 pourrait être « chaud » ! Au cours de la phase de publication des résultats trimestriels à venir, il nous faudra sans doute ignorer l’« EPS brossé », l’« Ebitda tendu » et autre « Echappée solitaire » ou « Sprint final » au profit de l’effort entrepreneurial, de la croissance de la rentabilité et de la croissance opérationnelle avérées. S’assurer que les entreprises auxquelles vous pourriez confier votre épargne – votre capital –, aient effectivement une activité opérationnelle, et que cette dernière ait connu une progression réelle, cohérente et significative au cours des dix dernières années semble être la moindre des précautions. Voir, par exemple, sur Investor.com… http://investing.money.msn.com/investments/financial-statements?symbol=msft et, pour les parieurs sportifs les plus téméraires, http://investing.money.msn.com/investments/financial-statements?symbol=cpst. Même les fêtes les plus grandioses ont une fin. C’est certain !

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

r > g ? Pas si sûr…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Ce n’est pas René Girard qui me contredira (voir son livre Des choses cachées depuis la fondation du monde), les crises conduisent toujours à la recherche d’un bouc émissaire… Après les banques, voici venu le temps des super riches (Top 1%, Top 0.1%) ; club auquel, Dieu merci ! je n’appartiens pas. Mais, demain, peut-être, viendra le temps du Top 50% ? Jamais, sans doute, celui des vrais responsables !

Le dernier livre de Thomas Piketty (Capital in the Twenty-First Century) fait couler beaucoup d’encre. De la belle encre même, si j’en juge par le nombre de Nobel qui se saisissent du sujet… Pour faire simple, Capital… présente une somme particulièrement riche de données sur l’évolution internationale de la structure du capital et de sa productivité, ainsi que sur l’évolution de la richesse produite et de sa croissance. Il observe que lorsque la rentabilité du capital (r) est supérieure à la croissance économique (g), elle conduit à une concentration des richesses et à une inégalité qui invitent à la correction, pourquoi pas sous la forme d’une wealth tax ?

Toute ma vie, j’ai appris à me méfier des modèles qui, souvent, suggèrent comme vérité établie des relations en réalité infiniment plus complexes. Certes, l’ouvrage très dense de Thomas Piketty vaut son prix. Mais l’utilisation qui en est faite aujourd’hui semble dépasser l’intention même de l’auteur. Je ne peux m’empêcher, personnellement, de me poser les questions suivantes :

  • Quelle est la validité des mesures de r et de g sur lesquelles repose l’analyse ? Pensons, par exemple, à la variation de la valeur des actifs détenus et/ou à l’incidence de l’économie souterraine…
  • Quelle est la fiabilité des mesures de r et de g ? La variance de r, naturellement supérieure à celle de g, n’est-elle pas de nature à inverser, sans raison réelle, l’inégalité observée ?
  • Lequel de r ou de g influence-t-il l’autre ? La réflexivité de leur relation n’empêche-t-elle pas l’analyse d’une éventuelle causalité ?
  • Quelle serait l’incidence d’une wealth tax sur la valeur des actifs détenus et sur la croissance économique, particulièrement dans un monde reposant sur un niveau (levier) élevé d’endettement ?
  • Est-il raisonnable de penser que l’Etat dépense nécessairement mieux l’argent que d’autres ont gagné ou reçu ? Et, pourquoi nombre de ses serviteurs cherchent-ils donc à échapper à son courroux fiscal ?
  • Les cinq dernières années ont fourni une opportunité historique de redistribution des richesses. Pourquoi, alors, d’éminents économistes ont-ils préconisé une politique monétaire « salvatrice » ?
  • L’accès à une éducation de qualité – et économiquement utile –, ne constitue-t-elle pas le mécanisme de redistribution le plus efficace ? Là encore, les technologies nouvelles devraient y contribuer.

Merci à Thomas Piketty d’avoir engagé ce débat. Merci, surtout, pour la modestie et la réserve avec lesquelles il présente ses données, ses analyses et ses conclusions. Mais, entre La Belle Epoque et The Road to Serfdom, je choisis, sans hésitation, le moindre mal… Et, pour n’en citer qu’un seul, l’action humanitaire d’un Bill Gates, à qui cette Note de Marchés doit d’exister, me confirme dans ce choix…

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

Investissez… couverts !

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Si vous avez parcouru les documents que j’ai déposés sur Orbi ? sans doute vous rappelez-vous l’histoire du banquier belge – qui ne l’est plus aujourd’hui ! –, qui en 2007, s’adressant à un client confronté à un problème momentané de trésorerie, éructa : « Si votre entreprise ne peut dégager plus de rentabilité…, vous n’avez qu’à vendre des bananes ! » Douze mois plus tard, il en reçut une caisse pleine, lorsque « sa » banque fut déclarée en faillite technique !

Peut-être aussi, connaissez-vous l’histoire de ce « Broker » Américain qui, à l’automne 2012, envoya le message suivant aux utilisateurs de ses services ? « Dear Valued Client, We would like to inform you about a new business policy that has been implemented and will impact your account. After careful consideration, we have made the business decision to no longer open new accounts or handle new business transactions for clients located in certain foreign countries. Our records indicate that you reside in one of these identified foreign countries. As a result, we’ve had to limit your account to liquidating (closing) transactions only. This means that you will not be able to open new positions or make deposits into your account, and any opening orders (orders to establish new positions) will be canceled. » Ainsi, comme mes petites-filles, il semblerait que certains brokers, parmi les plus respectés, n’aiment jouer que quand il gagnent… Tout le temps !

Mais…, je suis sûr que vous ne connaissez pas l’histoire de cette banque franco-belge – pas celle à laquelle vous pensez, l’autre ! –, dont certaines filiales n’ont pu passer le moindre ordre sur les marchés financiers un certain jour de Mars 2014. Et dont les transactions – plusieurs milliers ! – dûment enregistrées sur ses serveurs, et précisément documentées par ses clients les plus méticuleux, n’ont été réalisées que trois semaines plus tard. Alors même que les marchés avaient chuté de plus de $5T (Trillion, mille milliards). Plus que le total de bilan de la Federal Reserve ($4,2T), ou que le PIB de l’Allemagne ($3,6T). Enfin…, serais-je tenté d’écrire, une banque responsable, professionnelle et élégante !

Tout cela, me direz-vous, n’a pas grande importance, tant que Mr. Obama et Mr. Poutine jouent au Poker Menteur ; ce dernier ayant, sans doute, perdu la respectabilité que l’art diplomatique de Mr. Lavrov avait mis tant d’années à construire. C’est la fin du trimestre. Les résultats tombent. Le vendredi 17/04 (Option Expiration) pourrait marquer une ligne de départ. De « belles » entreprises ont vu leur capitalisation boursière sévèrement corrigée, par exemple : SPWR, GNRC, DDD, IRBT, REGI, CPST, BLDP… Il est devenu urgent de relire, et d’appliquer intelligemment, les principes un et six de L’Art d’Investir Avec Internet…

Dans le « Désert des marchés », toutefois, n’oubliez pas que le risque de contrepartie est bien réel. Diversifiez vos sources de « Brokerage. » Investissez… couverts !

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

SimTrade : de la pratique à la théorie !

Le trading peut être intéressant, amusant, passionnant, enivrant voire dangereux. L’approche par le jeu, la simulation développée dans SimTrade révèle toutes les facettes du « trading », c’est-à-dire l’investissement actif.

Dans notre métier de gestion de portefeuille classique, nous distinguons l’investissement stratégique, à long et moyen terme, conforme à l’orientation centrale d’un portefeuille, et le trading tactique à court terme. Ainsi, un portefeuille balance, c’est-à-dire équilibré, aura une allocation cible composée de 50% d’actions en moyenne. Le trading permet sur un horizon plus court de rechercher à capter des mouvements de hausse ou de baisse autour de cet objectif. C’est l’allocation tactique qui, en fonction des limites prédéfinies, permettra d’être, par exemple, à + ou- 10% investi autour de l’objectif central.

Mais l’efficacité du trading suppose le suivi d’une multitude d’informations tant micro-économique que macro-économique (le news flow). Les vecteurs qui influent à court terme les bourses, sont multiples et concernent aussi la politique, la stratégie, voire la météo qui en ce début 2014 par exemple a bloqué la côte Est des Etats-Unis et a connu des répercutions non négligeables sur les marchés. Le comportement des investisseurs, les ordres présents dans les carnets électroniques pèsent aussi. Plus complexe encore, les marchés sont souvent contrariants et vont réagir en sens inverse à une bonne (ou mauvaise) nouvelle, considérant qu’elle est déjà dans les cours et bouger en sens contraire de ce qui peut être attendu !

Avec un outil comme SimTrade, le joueur découvre en temps réel ces divers paramètres et doit réagir rapidement. Très vite, on comprend l’importance d’acquérir les fondements théoriques sous-jacents afin de ne pas se laisser emporter par les marchés. C’est le grand intérêt de cet outil simple et ludique, il donne envie de passer de la pratique à la théorie.

Le trading, s’il exploite le fonctionnement automatique des marchés et essaie de peser sur l’enclenchement de mouvements de panique à la hausse ou à la baisse, peut s’assimiler à de la manipulation de cours. Depuis quelques temps, on a constaté des mouvements brusques et totalement incohérents sur certaines bourses. Le micro trading, le trading à haute fréquence (high frequency trading ou HFT) sont des excès à bannir et les autorités de marché veillent.

Avec SimTrade, vous découvrirez l’investissement raisonnable qui a de plus la vertu d’augmenter la liquidité et l’efficacité des marchés, bon jeu !

Christian Bito
Professeur de finance attaché – ESSEC Business School
Gérant – CBT Gestion

 

La nécessité de connaître

Il est de bon ton en philosophie de dire que l’ignorance est mère de tous les vices, de toutes les corruptions, de toutes les exploitations. Or, cela semble bien vraisemblable. Il est moins connu que les organisations sont mères de l’ignorance, et que les principaux efforts managériaux sont de lutter contre la montée inévitable de l’ignorance au sein des organisations pour éviter des défaillances de tous ordres (économiques, sociales, éthiques, etc.).

L’ignorance est le lot commun des organisations, parce que la vie et les préoccupations quotidiennes de la vie personnelle comme professionnelle séparent les personnes les unes des autres. Faire au jour le jour son travail, quand bien même ce serait simplement celui de vivre, limite tendanciellement l’intérêt, les questions, et la compréhension du monde à ce que chacune et chacun connaît et voit tous les jours, en faisant progressivement perdre de vue l’ensemble où ont lieu activités et vie. Du point de vue de la théorie des organisations, un tel constat peut s’exprimer en disant que les routines et les savoir-faire organisationnels, à la fois indispensables à la vie et aux opérations de tous les jours, menacent les dites organisations d’éclatement par ignorance et fragmentation de compétences. Chacun, pris dans la rationalité limitée de son activité, perd spontanément de vue, et le plus souvent sans s’en apercevoir, la compréhension d’ensemble de l’organisation, ou ce qu’y font les autres.

Or, c’est exactement ce qui se passe actuellement au niveau mondial. Tout le monde parle de mondialisation et de globalisation de l’économie, mais tout le monde parle tout autant de crise, d’incertitude, de complexité entendue comme un problème. Or, ces crise, incertitude et complexité qui font peur, tiennent sans doute au fait que le monde qui est une vaste organisation – l’organisation ultime des hommes et des femmes – est composé d’éléments qui interagissent de plus en plus entre eux, à tous niveaux et de plus en plus vite, en s’ignorant fondamentalement les uns les autres. Une ignorance qui va croissant car, malgré des interconnexions multiples et en augmentation constante, les éléments connectés les uns aux autres ne se connaissent pas. Il en est exactement ainsi des relations entre les sphères économique, sociale et financière de la vie mondiale contemporaine.

Dans un tel contexte, la compréhension des logiques « des autres » est essentielle à chacune et chacun pour une harmonie minimum des échanges et de leurs productions. L’enseignement de ces logiques est donc crucial pour favoriser, autant que faire se peut, une interaction intelligente et favorable au bien commun mondial au détriment de l’enfoncement aveugle dans des logiques s’ignorant les unes les autres, alors interconnectés pour le pire. C’est ce que propose SimTrade sur le plan de la finance. SimTrade est un outil décisif pour comprendre de façon simple la complexité du monde des affaires : complexité des interactions entre monde réel des entreprises et monde virtuel des marchés financiers, complexité des comportements des agents économiques et de leur réalisation dans les échanges, complexité des mouvements de prix de marché oscillant entre efficience rationnelle – par l’analyse et la gestion – et exubérance irrationnelle des attentes.

Laurent Bibard
Professeur de management – ESSEC Business School
Titulaire de chaire – Chaire Edgar Morin de la complexité

Le chien n’est pas le meilleur ami de l’investisseur…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Si vous ne l’aviez pas déjà remarqué, le meilleur ami de l’investisseur n’est pas le cheval, ni le chien. C’est le marché ! C’est même, sans doute, son seul ami. Et, comme tous les amis, il attend de vous que vous le respectiez…

Nous avons, au cours de ces derniers jours, franchi une étape supplémentaire dans la direction d’une éventuelle correction significative du marché. Pour preuve, l’évolution de l’indice Dow Jones (DJIA) et de sa volatilité (VXD) reprise dans les deux graphiques qui suivent. Evolution que je vous invite à compléter par des analyses comparables (MACD) sur les indices SP500/VIX et NASDAQ/VXN, en utilisant des données quotidiennes et hebdomadaires. (Source : BigCharts, 14/03/2014)

Mais…, les grandes révolutions technologiques et/ou économiques sont souvent là où on les attend le moins. Le progrès est, d’abord, invraisemblance ! Il se manifeste toujours au travers de petites découvertes, et/ou de petits changements, généralement considérés comme étant impensables, improbables, impossibles ! La progression récente des capitalisations boursières et des volumes d’échange dans le secteur des énergies nouvelles et, particulièrement, dans celui des piles à combustible (« Fuel Cells ») mérite d’être conservée à l’esprit. Les résultats trimestriels, négatifs, des acteurs les plus représentatifs (BLDP, FCEL, PLUG, HYGS…) sont moins mauvais… qu’anticipés par les analystes ! Surtout, ils confirment une potentialité de croissance opérationnelle réelle.

Ainsi…, naissance d’un nouvel écosystème ou Pschitt ? Réponse dans deux ans ! Et, le référendum de ce weekend en Crimée – on peut le déplorer –, ne devrait rien y changer…

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

Un peu de bon sens… La partie est jouée : JE ramasse les mises !

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Nul ne sait ce que nous réserve l’avenir ! Mais, pour ceux qui ont la mémoire longue, ou qui ont récemment relu « A short History of Financial Euphoria »  de J.K. Galbraith, ce que nous vivons aujourd’hui rappelle bigrement ce que nous avons vécu au début de l’année 2000 : quelques leaders technologiques dont la capitalisation boursière semble avoir perdu tout sens de la gravité ; de très nombreuses sociétés moyennes dont le Price Earnings Ratio et la croissance réelle ne semblent plus faire bon ménage ; enfin, une multitude de petites sociétés dont la performance opérationnelle rappelle la beauté et l’éclat des tulipes hollandaises…

« It’s not the FED… It’s the lack of real growth, stupid! », serais-je tenté d’écrire. Le mois de Mars 2014 risque d’être long. Avril aussi. Peut-être même, l’été sera-t-il meurtrier ? C’est pourquoi, pour une période indéterminée, mais sans doute pour les trois à six mois à venir, je suis devenu « Net Short »  sur le Nasdaq et le S&P500. Après tout, les ETF inverses (PSQ, SH, DOG…, voire leurs versions « vitaminées », si vous aimez la volatilité) ne sont pas là que pour ces « Chiens de spéculateurs », pour reprendre une expression qui semble donner bonne conscience de nos jours à bien des sots !

La vraie question, bien sûr, est de savoir si notre monde n’est pas déjà entré dans la troisième phase de la transformation profonde qu’il subit depuis 2007 (Lire sur ce point « Bienvenue dans le désert des marchés »). Des décennies durant, il a vécu d’une croissance alimentée par un endettement et une énergie bon marché. L’accroissement de l’endettement n’appartenant sans doute plus au domaine des possibles, du moins à court terme – ce que semble confirmer le propos de Jean-Laurent Bonnafé dans Le Figaro de ce jour, évoquant, au passage, un coût du capital de 10% ! –, il faudra bien que le prix de l’énergie baisse, d’une façon ou d’une autre. Et, ce pourrait bien être de… l’autre ! A cet égard, la fin des jeux de Sotchi devrait contribuer à clarifier la situation géopolitique dans les semaines et les mois à venir.

Bien sûr, que celles et ceux qui connaissent une reprise réelle dans leur région du monde, dans leurs entreprises et dans leurs activités ignorent ce billet… qui ne mérite pas plus que de se perdre « In the Cloud » !

Note : « Un peu de bon sens ! » ne peut, ni ne doit, être considéré comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

SimTrade : retrouvons le goût de l'aventure !

Un grand merci à François Longin et ses compagnons pour la mise en œuvre du projet SimTrade.

Je suis très heureux de constater que des enseignants-chercheurs de haut niveau se soient intéressés à un projet qui devrait permettre de réconcilier les français avec l’économie et la finance. Saviez-vous que des études ont démontré la corrélation entre l’évolution du PIB d’un pays et la culture économique et financière de ses habitants ? En France, nous avons clairement des progrès à faire dans ce domaine…

J’aime particulièrement l’approche ludique et pédagogique de SimTrade. Je suis profondément convaincu que ce projet permettra à un grand nombre d’entre nous de mieux comprendre l’économie et la finance et surtout d’apprendre à intervenir de manière efficace dans le monde d’aujourd’hui.

En France, nous manquons cruellement d’entrepreneurs et je forme le vœu que chaque SimTrader retrouvera le goût d’entreprendre. Prendre sa vie en main et ne plus dépendre d’un Etat providence qui n’a de toute évidence plus les moyens de subvenir aux besoins de retraite et de santé de ses administrés, voilà un beau projet…

Agir, décider, c’est aussi retrouver le sens de la vie, et, si les risques sont réels, il est particulièrement excitant de prendre les commandes de sa destinée. Car ne rien faire et subir une situation comporte bien plus de risques que d’agir en toute conscience.

Alors, êtes-vous prêts pour la grande aventure ?

Gabriel Eschbach

Président de ACE Finance & Conseil

 

Simulation et pédagogie

Le succès de SimTrade sera d’expliquer au SimTrader ce qu’il s’est passé pendant sa simulation. Pourquoi le cours de bourse a-t-il monté ou baissé ? Quelle a été l’interaction entre les marchés financiers et les entreprises ? Pourquoi le SimTrader a-t-il gagné ou perdu de l’argent ?

 

Daniel Tixier

Professeur de marketing à l’ESSEC Business School
Créateur de jeux de simulations d’entreprise

 

La liberté d’investir

Dans son ouvrage Capitalism and Freedom, Milton Friedman nous rappelle que les marchés constituent le seul rempart à la tendance naturelle qu’a le pouvoir politique à concentrer tous les pouvoirs…

Il suit en cela l’analyse de Friedrich Hayek sur l’efficacité des sociétés faisant appel à une utilisation décentralisée des connaissances, plutôt qu’à une planification centralisée ; cette dernière constituant The Road to Serfdom. Sa réflexion renforce également l’observation de Frédéric Bastiat sur les conséquences invisibles, et malheureusement souvent négatives pour ceux qui auront à les subir, des décisions prises par quelques « happy few » et autres experts accrédités. Selon ces auteurs, ce que nous appelons aujourd’hui l’économie de marché – qui repose notamment sur le respect de la propriété privée et sur le droit de donner à son épargne la destination que l’on souhaite – apparaît comme étant le socle de la liberté.

Pourtant, la situation exceptionnelle que nous avons vécue sur les marchés financiers au cours de ces dernières années invite à la modestie, de même qu’elle souligne la nécessité de s’interroger sur la pertinence des concepts, des modèles et des outils décisionnels auxquels font appel les entreprises (investisseurs institutionnels) et les personnes (investisseurs individuels). L’utilisation d’internet constitue un changement aussi radical dans le domaine de la gestion de l’épargne mondiale que l’arrivée de l’ordinateur individuel dans le domaine de la gestion de l’information. L’accès instantané à toutes les informations publiées par les entreprises, la disponibilité d’outils de diagnostic puissants et la possibilité de passer des ordres d’achat ou de vente de tous produits financiers en temps réel, contribuent à la création d’un nouvel espace de liberté, d’égalité et de responsabilité. C’est une réelle opportunité nouvelle de mise en valeur de l’intelligence des entreprises, des compétences de leurs dirigeants, ou de l’expertise de toute personne motivée, au travers du déploiement de stratégies globales d’investissement avec internet.

Aujourd’hui, les marchés sont passés d’un lieu de rencontre physique de l’offre et de la demande d’actifs financiers, à un super réseau de réseaux (et autres ECN, ATS…), de marchés (et autres dark pools…), et d’opérateurs financiers (et autres MM, SLP, HFTS…), interconnectés au travers d’internet. Investir est une activité exigeant rigueur et détermination. C’est aussi une activité qui demande de perdre nombre d’illusions sur la politique (et le courage de ses acteurs), sur l’entreprise (et la compétence de ses dirigeants) et sur les hommes (et leurs motivations profondes).

Dans ce domaine prometteur, l’accès à la compétence passe par l’apprentissage. Une technologie telle que SimTrade offre un environnement idéal d’accompagnement des futurs décideurs dans leur découverte d’internet en tant que plate-forme d’investissement. Elle les aide à comprendre et à explorer, au cœur d’un laboratoire reposant sur une information accélérée, la dynamique des marchés et les déterminants de la valeur des entreprises. L’intégration de systèmes puissants de suivi et d’anticipation des comportements, associée à des méthodes d’analyse et d’investissement en temps réel, permet la définition et l’évaluation de stratégies résolument proactives.

Je n’ai donc aucun doute que, dans les mois et années à venir, SimTrade accélère la découverte et l’appropriation par tous de ce nouvel espace de liberté, et contribue à mettre la puissance des marchés au service du bien commun.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège