Comment gagner des sous…

Note de marchés de Jean-Marie Choffray

Au cours d’une longue carrière professionnelle qui m’a conduit à enseigner dans nombre d’universités et d’écoles de gestion, sur trois continents au moins, j’ai toujours été impressionné par la créativité dont ces institutions faisaient preuve dans leur offre pédagogique. Selon la mode du jour, les compétences disponibles, et, parfois, les financements envisageables, on voyait fleurir des cours sur : la stratégie durable, l’entrepreneuriat social, la communication de crise, le développement personnel, la gestion de la diversité, la conduite du changement, la gouvernance publique, l’économie solidaire, etc. Matières généralement encadrées dans les programmes par des cours « Méthodes », issus des départements de statistiques, d’informatique, de recherche opérationnelle, d’économie, et des sciences dites dures. Mais…, jamais, au grand JAMAIS, de cours ou de séminaires sur « Comment gagner des sous ? », matière dont dépend pourtant la survie de tous les autres, et, certainement, le devenir de ces institutions !

Peut-être, penserez-vous avec un brin d’ironie, parce que les professeurs de gestion, maîtres dans l’art de « faire semblant de faire semblant » – comme, sans doute, tous les êtres humains –, préfèrent parler de choses agréables à l’esprit que d’agir dans l’adversité, connaissant parfaitement la distance qui sépare les deux et les risques qu’entraîne la confrontation à la réalité. Et pourtant, « des sous » – c.à.d. du Capital –, il en faudra, et même beaucoup, si l’on veut maintenir notre niveau de vie et de développement actuel. Inévitablement, les « Possédés du percepteur » (Raymond Devos) continueront d’entendre des hululements dans la nuit… Qu’on l’aime ou pas, qu’on le reconnaisse ou pas, c’est parce que les entreprises « gagnent des sous » que leurs collaborateurs peuvent en recevoir en rémunération de leur travail, et que d’autres peuvent se consacrer à la réflexion politique, à l’action publique, ou à l’implication sociale.

« Gagner des sous » implique toujours de construire des processus économiques qui génèrent plus de richesses qu’ils n’en utilisent. C’est aussi simple que cela ! Pour une entreprise, cela revient à développer ses fonds propres, dans le respect des lois, des textes, des règlements et des coutumes en vigueur dans son environnement de référence. C’est là sa seule et très noble Mission. Quant aux marchés, ils sont là pour mesurer l’efficacité avec laquelle celles qui font appel à l’épargne publique – c.à.d. celles qui sont cotées en bourse –, s’acquittent de cette responsabilité cruciale pour la société et pour chacun de nous.

Parlons donc… sous ! Le secteur de la vente directe, en réunion, (« Multi-level marketing ») a fait couler beaucoup d’encre – et de larmes ! –, ces derniers jours, précisément parce que les entreprises actives dans ce secteur sont, sans doute plus que d’autres, au cœur du rêve de beaucoup de « gagner des sous. » N’en déplaise à Bill Ackman, investisseur activiste à la tête de Pershing Square Capital tout n’est pas nécessairement Pyramide de Ponzi dans ce secteur. Des sociétés telles que USNA, NUS, HLF, AVP, MTEX…, mériteraient peut-être ? dans les semaines à venir, plus de considération.

Note : cette Note de marchés ne peut, ni ne doit, être considérée comme formulant, ou suggérant, le moindre conseil d’achat ou de vente de quelque produit financier que ce soit. Son seul objet est d’émettre un point de vue, et de le partager avec la communauté des investisseurs sceptiques, seuls responsables de leurs décisions.

Jean-Marie Choffray

Professeur de marketing à l’ESSEC et à l’Université de Liège

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