Achat et vente à découvert

Achat et vente à découvert

Prof François Longin

Avec un compte-titres classique, un profit est réalisé avec l’achat d’actions et la revente de ces mêmes actions à un prix de revente supérieur au prix d’achat. L’investisseur gagne de l’argent suite à la hausse des cours qu’il avait anticipé (ou non !). Mais que peut faire l’investisseur s’il anticipe une baisse des cours ? Pour les actions qu’il détient déjà en portefeuille, il peut vendre ses actions puis les racheter après la baisse. Mais pour des actions qu’il ne détient pas en portefeuille, il n’a pas de solution. De même, si l’investisseur n’a pas (ou n’a plus) de liquidités sur son compte titres (le « cash disponible » que l’on voit sur l’application SimTrade), il ne peut acheter de nouveaux titres.

Comme on le sait depuis longtemps, l’imagination des financiers est sans limite ! Pour pallier les problèmes ci-dessus – absence d’actions en portefeuille pour profiter d’une baisse ou manque de liquidité pour profiter d’une hausse de prix sur des titres, ont été créé par les institutions financières deux mécanismes : l’achat à découvert et la vente à découvert.
Le terme « découvert » provient du fait que l’investisseur vend des titres qu’il ne possède pas pour une vente à découvert, et qu’il achète des titres avec de l’argent qu’il ne possède pas pour un achat à découvert. C’est à l’image du compte bancaire qui est à découvert, vous avez fait des achats de biens et de services alors que vous n’aviez pas l’argent nécessaire sur votre compte courant.

Notons que la vente à découvert est plus connue par son abréviation « VAD » dans le jargon des investisseurs.

Position courte et position longue

Associées à la vente et à l’achat à découvert, on rencontre souvent les expressions « position courte » et « position longue » ou leur traduction anglaise souvent utilisée en français « short position » et « long position ».

Rappelons qu’un investisseur est court sur une action si sa position profite d’une baisse du prix de l’action. Une vente à découvert correspond donc à une position courte.

Rappelons de même qu’un investisseur est long sur une action si sa position profite d’une hausse du prix de l’action. Un achat à découvert correspond donc à une position longue.

Achat et vente à découvert et anticipation de marché

Si l’investisseur anticipe une hausse des cours, il fera un achat à découvert en espérant faire un profit en achetant bas et en revendant haut.

Si, inversement, l’investisseur anticipe une baisse des cours, il fera une vente à découvert en espérant faire un profit en vendant haut puis en rachetant bas.

Notons que les stratégies ci-dessus ne nécessite ni cash disponible pour un achat à découvert, ni titres disponibles pour une vente à découvert. C’est tout l’intérêt de ce type d’opération.

Comment fonctionne l’achat et la vente à découvert en pratique ?

Un compte pour lequel l’achat et la vente à découvert sont autorisés, fonctionne de la façon suivante : à l’ouverture du compte, l’investisseur alimente son compte-titres d’une certaine somme d’argent, disons 10 000 €. Pour cadrer les opérations d’achat et de vente à découvert, l’institution financière définit un effet de levier qui varie généralement de 1 à 5 selon le type de titres financiers traités (actions françaises, actions étrangères, etc.). Avec un effet de levier de 5, l’investisseur peut acheter ou vendre à découvert jusqu’à 50 000 €.

Le portefeuille de l’investisseur sert de garantie au bon dénouement des opérations de règlement différé (rachat suite à une vente à découvert et revente suite à un achat à découvert). La base de calcul prend en compte le cash sur le compte-titres et une partie des actions détenues au comptant (50% par exemple).

Exemple : le SimTrader dispose de 8 000 € de cash et de 500 titres de la société BestPizza valorisés en prix de marché à 5 000 €. La base de calcul pour les opérations à règlement différé est égale à : 8 000 + 0,50·5 000 = 10 500 €. Avec un effet de levier de 2, l’investisseur peut acheter ou vendre des titres à différé pour un montant de 21  000 €. Avec un effet de levier de 5, ce montant est de 52 500 €.

Si l’investisseur achète n actions à découvert au prix P0 à la date 0, la position de la ligne évolue au cours du temps en fonction de l’évolution du prix de l’action. A une date t postérieure, la valeur de la ligne est égale n·(Pt – P0). La valeur de la ligne est donc positive si le prix de l’action a monté (Pt > P0) et négative si le prix de l’action a baissé (Pt < P0). Inversement, si l’investisseur vend n actions à découvert au prix P0 à la date 0, la position de sa ligne compte évolue au cours du temps en fonction de l’évolution du prix de l’action. A une date t postérieure, la valeur de sa ligne est égale n·(P0 - Pt). La valeur de la ligne est donc positive si le prix de l’action a baissé (Pt < P0) et négative si le prix de l’action a monté (Pt > P0).

A tout moment, l’institution financière s’assure que votre moins-value éventuelle sur vos opérations à règlement différé est inférieure à votre couverture égale à la somme de votre cash et d’une proportion de vos titres détenus au comptant. Si ce n’est pas le cas, votre institution financière vous demande de solder une partie de vos positions afin de respecter la règle de couverture. Si votre compte devient négatif, votre institution financière vous demande alors d’alimenter votre compte en cash.

Mécanique de la vente et de l’achat à découvert

Pour un achat à découvert, l’institution financière qui héberge votre compte vous prête l’argent nécessaire à l’achat. Pour une vente à découvert, l’institution financière vous prête les titres nécessaires à la vente.

Remarques pratiques concernant les achats et ventes à découvert

Une société peut interdire que ses titres puissent être venus à découvert. De même, l’autorité de réglementation.

Dans certains véhicules d’investissement comme le Plan d’épargne en actions (PEA) en France, il n’est pas possible de vendre des titres à découvert.

Notons aussi que certains titres ne peuvent pas être vendus à découvert mais peuvent être achetés à découvert (« long only »).

Au niveau national, la liste des valeurs autorisées est disponible auprès de l’autorité de réglementation (l’Autorité des Marchés Financiers ou l’AMF en France).

Risques

Pour une opération d’achat/vente classique ou un achat à découvert, le niveau de risque est identique puisque la variation de la position est égale à n·(Pt – P0) dans les deux cas.

Pour une vente à découvert, la variation de la position est égale à n·(P0 – Pt) soit l’opposé de celle d’un achat à découvert ou d’un achat/vente classique. Ainsi, une baisse de 10% du prix de l’action aura le même impact pour une vente à découvert qu’une hausse de +10% du prix de l’action pour un achat à découvert. On dit souvent que le niveau de risque est identique mais cela supposant implicitement que la distribution de la variation de prix de l’action est symétrique, ce qui n’est pas le cas car le prix peut baisser jusqu’à 0 € mais peut monter (théoriquement) jusqu’à l’infini. Le risque de perte est donc potentiellement plus important pour une baisse que pour une hausse.

Passage d’ordres

Le passage d’un ordre au règlement différé ou au comptant est identique. L’investisseur doit seulement indiquer au moment du passage de l’ordre si le règlement se fait « comptant » ou « différé ». Comme pour un ordre au comptant, il est possible d’utiliser n’importe quel type d’ordre (MAR, LIM, ML, ASD et APD). Il est aussi possible de passer un ordre par « montant » et par « quantité ».

Coût d’un achat ou d’une vente à découvert

Le coût de passage d’ordre au comptant ou différé est le même.

L’institution financière facture aussi le prêt d’argent pour un achat à découvert ou de titres pour une vente à découvert. Actuellement, en France, le taux d’intérêt est de l’ordre de 0,02% par jour, soit 0,6% par mois ou 7,2% par an. A la fin de chaque mois, l’institution financière calcule la commission de règlement différé en appliquant le taux d’intérêt au montant prêté chaque jour durant le mois.

Gestion du risque

Comme toute position, les positions construites avec des achats et des ventes à découvert présente un risque de marché (risque lié à la variation des prix des actifs financiers cotés sur les marché). Du côté des pertes (limitations des pertes), le risque de marchés peut être géré à l’aide des ordres à seuil et à plage de déclenchement (ordres ASD ou APD) encore appelés ordres stop loss. Du côté des gains (prise de gains), le risque de marchés peut être géré à l’aide des ordres à cours limité (ordres LIM) encore appelés ordres take profit.

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